Hier soir, dans le cadre de l’examen du projet de loi sur l’immigration, le Sénat, emmené par sa majorité de droite dont fait partie l’élue nantaise Laurence Garnier, a voté la suppression de l’Aide Médicale d’État (AME).
L’AME et la Couverture Maladie Universelle (CMU, devenue aujourd’hui la Complémentaire Santé Solidaire), ont été portées par la gauche avec l’objectif de protéger contre les maladies et risques sanitaires l’ensemble de nos concitoyennes et de nos concitoyens, quelle que soit leur origine et leur statut. Ces droits prolongent les principes inscrits dans la constitution de l’Organisation Mondiale de la Santé qui établit que « la possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain ».
En votant la suppression de l’AME, Laurence Garnier et ses collègues sénateurs et sénatrices de droite, ont commis une double faute.
Une faute politique d’abord, en répondant aux sirènes de l’extrême droite véhiculant l’idée que les personnes étrangères profiteraient largement de ce dispositif. Une idée qui est non seulement fausse mais aussi xénophobe, voire raciste.
Or, c’est bien mal connaître la situation ! Selon « Médecins du Monde » 85% des personnes éligibles à l’AME n’y ont pas recours. Rappelons au passage que l’AME représente moins de 0,5% des dépenses de santé financées par l’assurance maladie.
En votant la suppression de l’AME, la droite nie et abîme le socle des valeurs républicaines, qui garantit l’égalité et l’autonomie des êtres humains en dignité et en droit, et elle abaisse, dans un même mouvement, le degré d’humanité de notre société.
Une faute sanitaire ensuite. En limitant l’accès aux soins de santé de milliers de personnes, la droite accroit le risque de pathologies graves pour les personnes concernées. En plus du surcoût que représenteront ces traitements tardifs, la suppression de l’AME ferait courir un risque sanitaire amplifié à la société française toute entière.
Quelques mois après la crise sanitaire et la pandémie du COVID19, ne pas permettre à des milliers de personnes vivant déjà sur notre territoire d’accéder à la prévention et aux soins, c’est exposer l’ensemble de la population aux risques d’épidémies.
Ni la haine, ni les dogmes, ni les petits calculs politiciens, ne doivent conduire nos politiques, a fortiori en matière de santé publique. C’est une question de responsabilité et de sens de l’intérêt général. C’est une question aussi de respect des droits fondamentaux de tout être humain. Laurence Garnier semble, malheureusement pour elle et pour les Françaises et les Français, l’avoir oublié.